Trail du Grand Raid des Pyrénées Août 2013 (160 km, 10 000 m D+/D-)


Le profil de la balade :-)


Çà y est, nous y sommes enfin ! Vielle Aure, Vendredi 23 Août, 4h45 du matin.

Nous descendons de la grange à Pascal avec Seb, Yo et Etienne ou nous étions idéalement logés. En effet, le départ se situe quelques mètres plus bas sur la place de la mairie de Vielle Aure.

L’ambiance et bonne et décontractée. Le temps est correct, la température est bonne et nous promets une première journée ensoleillée. La deuxième devrait être un peu plus froide avec du vent et de la pluie. Oui, nous partons pour un minimum de 40h d'effort à travers cette belle montagne pyrénéenne !

Tous les trailleurs (974 exactement) sont présents sur la place du village. Elle est habillée pour l’occasion d’affiches, de banderoles et d’arches à l’effigie de l’épreuve à laquelle nous allons participer : L’ultra trail du Grand Raid des Pyrénées.



Depuis que j’ai commencé le triathlon en 2008 et que j’ai découvert les épreuves longues distances, je n’ai cessé de chercher des épreuves à taille humaine mais qui demande de réels compétences physiques et mentales pour que la finish line deviennent un exploit (à mon niveau) à part en tiers….Cette course va me permettre d'en découvrir toutes ses promesses.

Je me sens prêt à relever ce défi magique et mystérieux malgré une préparation houleuse. Je n’ai pas pu la gérer comme j’aurais voulu le faire et j'avais la tête ailleurs pour dire vrai. Mais j’ai vraiment hâte de me découvrir un peu plus à travers cette aventure. Que va t’il se passer dans mon corps, dans ma tête, et deux jours sans dormir, une grande première.

Pendant que toutes ses pensées s’entrechoquent, quelques athlètes s’échauffent (eh oui, il y en a…), d’autres prennent placent derrière l’arche de départ après s’être fait badger. Au fait, il faut y aller nous aussi !

Après s’être faufiler entre les trailleurs, nous nous retrouvons en fin de peloton avec Yohan, Etienne et Sébastien ainsi que Fabrice, Eric, Marie, et Thierry qui viennent de nous rejoindre.

La musique d’attente provoque un silence qui fait vibrer, voire trembler les murs de Vielle Aure, personnes ne bronchent sauf Fabrice qui essaie de faire monter un peu la sauce. Il est tout exité le Fab, quelle énergie !

Malgré ses efforts et ceux du speakeur, pas grand monde n’est motivé pour taper des mains, siffler, ou autre. Peut être que les 160 km (un peu plus même, 170 au vu de nombreux gps) et les 10 000 m de D+/- au programme y sont pour quelque chose,je vous laisse juger.


Il faut boucler le tout en moins de 50 heures pour devenir finisher. La tache s’annonce difficile mais pas infaisable. Nous nous y sommes tous préparés du mieux possible (Sauf Etienne et malheureusement nous en connaissant la cause) donc aucune inquiétude à ce sujet, il fera son maxi et cela sera déjà un exploit. Nous pensons tant à sa fille…..
La veille du départ avec Seb, Etienne, Yo et moi ! 


Un petit décompte fait par l’ensemble des trailleurs et du speakeur et le départ est donné. Je me mets à trottiner gentiment en queue de peloton en compagnie d’ Eric, Marie, Thierry, Yohan, Etienne et Sébastien.. Fab quand à lui prend les devants et n’oublie pas de remercier les personnes qui se sont levé à 5h00 du matin pour nous applaudir lors de notre départ.



Après 1 km d’enrobée, Je vois déjà une femme hors d’haleine en train de marcher au milieu de la route, certainement parti trop vite. J’avoue que j’ai du mal à comprendre.

Nous voici à la sortie de Vignec pour arpenter enfin la première piste large qui va nous mener à Soulan. Nous voilà bon dernier avec Yohan. Nous marchons à présent sur ce chemin qui se rétrécit parfois pour nous laisser monter sur des cailloux glissants.

Petit à petit nous approchons de Soulan accompagné par le serre file. Je demande à un bénévole si cela fait longtemps que le premier est passé  (sous forme de boutade, je me doute de la réponse) et il me dit : « Une demie heure et en courant ». Cela fait 1h00 environ que nous sommes partis.

Après Soulan, une montée sèche sur une piste nous fait surplombé ce petit vilage et bientôt cette piste va se transformer en single qui nous offre une guirlande de lampe frontale au milieu de la nature, c’est vraiment très beau.

A l’occasion d’un franchissement de tourniquer, un peu plus haut, le peloton en file indienne est arrêté, cela sera le seul endroit du parcours. On continue de monter avec Yohan en direction du col du Portet et nous commençons enfin à reprendre quelques concurrents définitivement partis trop vite. Ils sont déjà à bout de souffle après une heure et demie de course….. La pente s’adoucit un peu, La vue sur St Larry éclairait des ses lumières est magnifique.

Etienne est devant avec Sébastien, Marie juste derrière. Quelques temps après, le jour se lève avec un beau soleil et nous en profitions pour enlever les frontales qui sont inutiles maintenant. Le lever de soleil en haut du Col du Portet restera graver dans ma mémoire. Après avoir croisé un troupeau de moutons, des bergers et leurs chiens, nous voilà en haut du col du Portet à 2215 m d’altitude.

L’accueil est chaleureux, beaucoup de monde nous encourage en faisant teinter de grosses cloches, certaines personnes se sont habillées de jolis bérets. Au bas, sur la piste, les voitures assistantes redescendent déjà en direction d’Artigues pour aller au prochain chek point rejoindre leur coureur mais elles n’oublient pas de klaxonner pour nous encourager.

Nous faisons un pointage horaire, nous sommes dans les temps, pas de souci pour la première barrière horaire au restaurant du Merlans que nous atteignons pour nous ravitailler après une petite descente de 300 m de dénivelé négatif. Aucune difficulté technique le long de cette piste de ski au km 14 km. Il est 8h05, la course est commencée depuis 2h et 59', nous pointons 819/840. 1424m de D+ et 300 m de D- de parcouru.

Nous prenons le temps de nous ravitailler en eau et nourriture et c’est reparti pour le col de Bastanet. Nous partons ensemble avec Etienne, Sébastien et Yohan, l’ambiance est bonne et décontractée et nous remontons le long du téléski assez sèchement pour atteindre un petit chemin en balcon au dessus du lac de l’Oule que nous courrons lorsque la pente n’est pas trop importante.
                                                                                                             
Nous arrivons ensuite au bord d’un petit lac que nous contournons par la droite puis c’est parti pour une  montée en escaliers qui alterne partie plate et portion accidentée beaucoup plus sèche.

Le temps est maintenant au beau fixe. Dans cette zone, il est très difficile de courir car même les parties plates sont remplies de pierre et il faut être vigilant à chaque appui. Cela devient difficile de regarder le paysage qui s’offre à nous si joli soit-il.

Nous passons par le lac de Bastan, puis nous atteignons son refuge ou certains randonneurs du Gr10 nous voient passer avec étonnement à la queue leu leu en nous encourageant.

La dernière montée sèche pour atteindre le col du Bastanet se fait plutôt bien mais les lacets sont rudes et pierreux.


Nous atteignons le sommet à 2507 m d’altitude au 20 ème km. La vue est superbe. Je range mes bâtons dans mon sac, mes camarades m'imitent et c’est parti pour la descente technique jusqu’au refuge de Campana, puis le barrage de Greziolles. Cette descente difficile ne peut se courir dans son intégralité car il faut souvent mettre les mains pour s’aider à descendre d’un bloc à un autre et le chemin est vraiment étroit et pentu. Nous perdons 400 m de dénivelé pour 4 km effectués.

A partir de là, la descente ce fait mieux avec des chemins plus roulants, une pente plus douce et même un peu d’herbe parfois. Je crois bien qu’Étienne commence à avoir un peu mal aux jambes et c’est tout à fait normal vu le peu de dénivelé qu’il a pu faire à l'entrainement , voir pas du tout.

Je me rappel avoir vu à ce moment là, un rasta assis dans l’herbe entrain de manger un morceau. Je me dis "cool rasta" !!!! Je ne le reverrai pas.

Nous prenons donc un peu le large avec Yohan et nous attendrons Etienne et Seb à Artigues pour le deuxième pointage de la journée et le ravitaillement. Km 30, Altitude 1200 m. Il est 11h35, la course est commencée depuis 6h30, nous pointons 758/838. 1952 D+, 1553 D-

Nous refaisons le plein des gourdes avec Yo, nous mangeons un peu de salé et c’est parti pour la montée vers le pic du midi bâton à la main. Au programme, 12 km d’ascension pour 1400 de D+ est une « arrivée » au Pic du du Midi à 2900 d’altitude, le pied !!!!

Nous avons récupérer Etienne et Seb. Nous faisons les calculs pour la barrière horaire au col du Sencours pour être sûr de bien pourvoir faire l’intégralité de l’épreuve. Effectivement, si nous arrivons après cette barrière horaire, il faudra shinter la montée vers le Pic du Midi en continuant l’épreuve avec une pénalité de 5 heures, mais cela n’est pas du tout notre intention.

Nous sortons de la tente ravito, nous croisons Mathieu et sa petite famille qui nous encourage, cela fait chaud au cœur. Mathieu sera sur le 80 km le lendemain. Après une petite montée nous traversons la route qui monte à la Mongie et nous croisons Christèle qui attend son tour aussi le lendemain. Le plein d’encouragement fait (merci !!!!) c’est reparti pour une montée sèche le long de la cascade du Garret qui nous apporte un peu d’ombre et d’humidité.




Etienne est vraiment à la peine et après consultation avec Yo nous décidons de continuer toujours à cause de cette foutu barrière horaire au col de Sencours. Une fois cette partie raide passée, nous attaquons un petit chemin qui traverse un ruisseau où nombreux sont ceux qui vont trempés leur casquette et j’en fais parti. Il commence à faire chaud, très chaud. Le manque de vent n’arrange rien à la situation.

Le reste de la montée vers le col de Sencours est longue et régulière, sans difficultés techniques. Mais le soleil est bien présent et certains trailleurs sont déjà à l’arrêt dans l’herbe, à l'ombre. Yohan s’en veut d’avoir laisser Etienne et Sébastien et les appels en criant le nom d’Etienne qui résonne loin en direction d’Artigues. Pourvu que cela lui apporte des forces.

Le soleil plombe le paysage et le moral des trailleurs encore et encore. Il faut penser à bien s’hydrater. Nous doublons un nombre incalculable de personnes dans cette montée.

En haut du Sencours au 37 ème km à 2378 m d’altitude, un spectateur nous félicite car nous ne laissons apparaître aucune marque de fatigue avec Yohan.

Nous avons une heure d’avance sur la barrière horaire prévu à 15h, il est 14h et cela fait environ 9 h que l’épreuve à débuter. Nous profitons du  ravitaillement en liquide.

Nous attaquons la montée vers le Pic du Midi. Cela va être chaud pour Etienne et Seb. Marie et Eric gère leur allure et Fab et déjà loin devant. La piste est large et nous commençons à croiser les concurrents qui sont déjà monté, qui ont pointer au pic et qui effectue leur re descente. Sur ce tronçon en aller retour, ces concurrents ont une bonne heure et demi d’avance sur nous. Ils vont vite et c’est beau de les voir descendre avec aisance.



Pendant que nous profitons du paysage je m’aperçois que j’ai oublié une gourde sur la table à Sencours, ce n’est pas bien grave mais tout de même. Il faudra que je la retrouve au ravito lors de la descente. Je suis déjà trop haut pour faire demi tour. Quel couillon !!!!

Nous continuons notre ascension et nous croisons Fabrice qui lui est dans la re descente, il est en forme, des jambes de feu. Il s’arrête pour nous embrasser. J’en profite pour faire un pointage et juger de l’avance qu’il à sur nous, à Artigues il avait 25’. On reprend la route et bientôt les derniers lacets un peu plus raide arrivent synonyme de l’approche imminente au pic.


Beaucoup de trailleurs sont déjà dans la descente et nous encouragent, cela fait plaisir de voir cette ambiance et cette solidarité  entre les participants.

Nous franchissons quelques névés aménagés (il est tombé énormément de neige cette année) et bientôt, une heure après avoir quitter le col de Sencours nous voilà au Pic du Midi à 2900 m d’altitude au 40 ème km. Nous avons fait un quart de la course. Il est 14h54, la course est commencée depuis 9h48, nous pointons 650/769. 3638 D+, 1553 D-

Nous nous rafraîchissons à un robinet, nous rechargeons en eau, nous rangeons les battons et c’est reparti.. Au programme, 30 km de descente en direction de Villelongue avec 4 petits col à franchir, une étape à ne pas rater pour la suite du raid car nous savons que cela va être long et usant alors patience.

Peu après notre départ du pic, nous croisons Marie, elle a bonne allure, je suis content pour elle mais toujours pas d’Etienne, cela veut dire qu’elle est passée devant lui et même si je ne doute pas de ses capacités, j’imagine qu’Etienne doit vraiment être dans le dur maintenant. Elle nous dis d’ailleurs qu’il n’est pas bien. La poisse. J’aurais préféré qu’il shinte le pic, mais ce n’est pas son tempérament !!! Peu après, je repère l’emplacement où j’avais fait le « lap » avec Fabrice. 30’ nous sépare maintenant, il s ‘envole. 

Dans cette descente, je profite de la vue que nous donne l’altitude à laquelle nous sommes pour apercevoir un superbe panorama sur Le lac d’Oncet et sur la suite du parcours que nous allons emprunter car nous distinguons bien les coureurs qui sont devant nous au loin.

La course est encore longue, je le sais bien et seul mon titre de finisher est important ainsi que celui des copains. Peu après, nous croisons Etienne à l’arrêt dans la montée du pic, nous l’encourageons, mais cela se complique de plus en plus pour lui.

Nous arrivons en bas du Sencours, et j’essaie de retrouver ma gourde au ravito. Peine perdue. Je prends donc une petite bouteille de 50 cl que je remplie aussitôt mais cela va faire cour pour rallier Hautacam car même en descente cette portion va être longue d’environ 30 km….Quelle poisse ! Un manque de lucidité de ma part qui va peut être me coûter cher.

Nous en profitons pour faire le plein, manger un peu de salé et quelques minutes plus tard nous voilà reparti. Dés que l’on quitte le ravito nous voilà en descente sur un single étroit et très pentu, idéal pour se remettre en ligne. Mais peu après, nous empruntons une piste large et roulante. Mais cela ne va pas durer, nous voilà très vite orienté sur un chemin single avec de la pente et de la pierre relativement technique. « On y retourne » !!!!

Très rapidement, il va falloir monter au col de Bonida, puis au col d’Aoube avec 200m de D+ . C’est le calme plat dans les rangs car chaque col à franchir est un mini défi avec la pente qui est souvent raide,  les pierres qui apparaissent et surtout la descente derrière qui est souvent technique et qui use les organismes.

Nous franchissons le sommet et c’est parti pour la descente qui est comme on l’avait pensé, bien technique. Nous arrivons au lac vert puis au lac bleu. C’est vraiment magnifique. Par contre j’ai un gros souci car je n’ai plus d’eau et le ravitaillement est encore très loin. Je demande à 2 trailleurs assis dans l’herbe, on en croise de plus en plus maintenant, si je peu prendre l’eau d’une cascade. Ils me disent que oui mais que par prudence il faut mettre une pastille désinfectante dans ma gourde est attendre un heure. Je n’avais pas prévu de pastille mais il m’en offre une. Je me souviendrais de ce petit détail à glisser dans mon sac à dos pour la prochaine fois. Merci les gars.

Beaucoup sont ceux qui mouillent leur casquette et leur visage dans cette cascade car il fait chaud. Une fois la gourde rempli et agrémenté de sa capsule je regarde l’heure et c’est reparti.

Yohan me fait remarquer qu’il y a un hélico qui filme la course mais je trouve ces allers et venus un peu bizarre à ce pilote.

Nous somme maintenant sur un single qui borde le lac Bleu à quelques 30m de haut je pense, c’est magnifique. Et d’un seul coup, un attroupement de 3 ou 4 coureurs devant nous nous empêchent de passer.





« Que se passe t’il » leur demandais-je.
« Une personne est tombé dans le lac en contrebas, mais quelqu’un l’a secouru et l’hélico la bas va l’hélitreuiller, on ne sait pas si la course va continuer….»
« Il n’a pas de mal, ? » relançais je.
« En fait il est tombé inconscient dans le lac, mais il est hors de danger, il ne faut pas traverser tant qu’il y a du monde en bas du risque de faire tomber une pierre, il faut attendre »

Nous ne sommes pas dans les meilleures conditions pour cela mais quand je pense à la chute de cet homme, cela me fait froid dans le dos.


Nous parlons un peu avec Yo en essayant de tirer profit de cette situation pour récupérer mais cela est bien difficile dans cette position. Nous sommes mal assis mais j’essaie d’en profiter pour m’étirer pendant que les coureurs viennent s’empiler un à un derrière nous.
Le groupe s’agrandit de plus en plus et au bout d’un moment nous voyons arriver Marie et Eric. Après quelques instants, j’ai vraiment froid à force d’attendre et la transpiration de mon Tshirt me donne des frissons. Je mets ma seconde couche et je cherche à m’alimenter mais rien ne passe. J’en ai marre d’attendre planté là…..vivement que l’on reparte.

Quelques minutes plus tard, on nous demande de tout ranger, casquette, lunette, tout ce qui peut s’envoler car l’hélico va s’approcher.

Ca y es le voilà, un homme sort sur le patin de l’hélico et descend à un câble. L’hélico en stationnaire remonte un homme accroché avec le treuil qui nous fait bonjour.

Bizarre, il est en forme pour un mec qui a fait une chute pareille. Ah oui, ce n’est pas lui !!!!

Au deuxième passage de l’hélico, la barquette s’envole et tout le monde applaudit.

Au troisième passage, les deux derniers sauveteurs s’envolent à leurs tours en nous faisant signe de la main.

Nous pouvons repartir après 40’ d’attente environ. Forcément les jambes se sont bien durcit mais on se remet vite en route avec un beau col, celui de Bareilles qui culmine à 2240m. km 54.

Une fois ce col franchit, un long single en balcon nous amène jusqu’ à Hautacam. On n’en voit pas le bout, nous passons de vallon en vallon et avec cette attente, tout le monde manque d’eau.




Enfin après moult espoirs nous voyons enfin Hautacam au km 64 pour notre plus grand plaisir.  Que cette partie a était longue…… Il est 20h02, la course est commencée depuis 14h56, nous pointons 547/741.

Je me jette sur le coca, j’en avais tellement envie…..Il faut maintenant penser à se ravitailler en solide avec un peu de salé pour moi, soupe et jambon de pays. Après une bonne pause, nous repartons avec Yohan, plein de ressources et nous croisons à nouveau Marie et Eric qui arrive à leur tour. Un peu d’encouragement et c’est reparti.

J’ai reconnu cette parti du parcours et je sais que l’on va avoir une partie roulante, enfin, c’est cool, la première depuis le Portet. Mais avant, il faut gerer une sortie de ravito un peu compliqué avec un passage à travers « champs » et dans la boue. On essaie de faire attention à ne pas se tremper les pieds, ni de se perdre, mais l’affaire n’est pas facile. A la fin de cette partie un peu pénible nous voilà sur un chemin bien tracé et bientôt nous passons entre des barrières ou quelques supporters sont là pour encourager les coureurs. Sympa !

Nous rejoignons la route sur un ou deux kilomètres et nous nous calons avec yo sur une allure qui ne nous demande pas trop d’énergie, environ 6’30 au kilo. En descente cela est convenable pour nous. On continue donc cette fois si sur une piste large et peu caillouteuse en veillant à ne pas se mettre dans le rouge. Nous refaisons un pointage et malgré la perte des 40’ de toute à l’heure, il est tout à fait possible de relier Villelongue, notre première base de vie, sur une base de 40 heures.

Dans quelques kilomètres, nous y serons. Petit à petit, la nuit tombe et je décide de mettre ma frontale tandis que Yohan se met dans mes pieds pour suivre ma trace. Mais après un virage en sous bois nous rentrons sur une piste de vtt et la descente devient plus technique, plus pentu et Yohan décide de mettre lui aussi sa frontale. Nous doublons bon nombre de concurrent sur cette partie du parcours mais sur la fin à quelques kilomètres de Villelongue, nous restons avec deux autres trailleurs qui ouvrent le  sentier.

Quelques passages techniques en dévers signalés par l’organisation où il faut faire attention de ne pas tomber et nous voilà presque arrivée. Nous commençons à distinguer les lumières, le bruit du barrage et les maisons de Villelongue. Nous croisons avec bonheur mon ex beau frêre et belle sœur qui sont venu encourager Marie. Nous nous arrêtons un peu pour discuter et c’est reparti jusqu’à la base de vie.

Km 73, déjà 4400 m de D+ et 4700 de D- d’avalé, nous tenons le bon bout. Il est 21h46, la course est commencée depuis 16h40, nous pointons 499/659. Yoyo passe 500 ème tout pile. Quelle remontée depuis le matin, plus de 400 places de gagnées. Par contre, nous nous inquiétons beaucoup pour Etienne et Seb.

Nous rentrons sous la tente où beaucoup de trailleurs font une pause conséquente. Certains se font masser par leur assistance, d’autres prennent une douche, d’autres mangent et s’équipent pour la nuit.

Nous nous installons à une table, rigolons un peu avec yo sur le fait qu’il est gagné un panier garni pour être passé à la 500 ème place et allons récupérer nos poches de ravito perso. Dés que j’arrive, un bénévole tend ma poche, je le remercie de son efficacité. Cela fait plaisir de ne pas attendre debout trop longtemps.

Il fait chaud sous cette tente. Je suis content de retrouver ma bouteille de St Yorre que j’avais mis dans ma poche ainsi qu’un Tshirt sec, une bouteille de Powerade et une Red Bull afin de tenir un peu éveillé cette nuit. D’ailleurs je remarque que je ne suis pas le seul à avoir préparer une canette de ce genre dans ma poche de ravito.

Je pars manger un peu et Yohan revient en me disant qu’il y avait de la place au massage/kiné et qu’il a pris rendez vous pour tous les deux. Super. Même si je n’en ressens pas forcément le besoin cela ne fera pas de mal.

Nous voilà peu de temps après sous la tente de massage où je me fais désinfecter les pieds par ma kiné du jour avec qui nous parlons un peu. Elle remarque que j’ai une petite ampoule et appel sa collègue podologue pour m’y injecter de l’éosine. Malgré ces avertissements sur la douleur que cela peut provoquer lors de l’injection du liquide, je ne ressens rien et je me relaxe. Yo est juste à coté de moi. Nous rigolons un peu avec nos kinés et quelques temps après nous voilà libre mais Yo doit passer chez le podologue pour soigner quelques ampoules.

Je renfile une paire de chaussette propre, que j’avais préparé, descend de la table et je vais remettre ma poche aux bénévoles toujours aussi souriant. Je remange un peu, fais le plein de mes bidons et referme mon sac en ayant pris mon coupe vent blanc pour la nuit.



Au moment de fermer mon sac, la fermeture de ma poche filet casse…..oups, voilà la galère !!!! Depuis, j'en ai acheté un nouveau :-)

Je transvase tout dans une poche intérieure, ce n’est pas la fin du monde mais maintenant quand je vais avoir besoin de quelques choses cela va être le bazar, je devrais tout sortir, pour tout rentrer.

Après un instant, Yo arrive, fait ses affaires et nous revoilà parti. Que le temps passe vite quand on est arrêté. Nous croisons à nouveau Marie (assise sur les marches à l’entrée de la tente) et Eric et nous repartons avec 1 heure d’avance sur la barrière horaire. Il est 23h03, la course est commencée depuis 17h58, nous pointons 487/589.

Devant nous, le Pic du Cabaliros 18 km plus loin et ses 2000 de D+ à avaler dans le brouillard et dans la nuit. Mais je suis très confiant, les jambes et la tête en veulent encore et nous partons sur un rythme calme mais régulier.

Dés la sortie de Villelongue, nous nous perdons un peu, cherchons notre chemin pour enfin nous retrouvé sur la bonne route après nous être fait accosté par une passante.

Suite à cela,  nous grimpons le long d’une conduite d’eau à pic. C'est à ce moment que Yo choisit de discuter au téléphone avec Etienne où nous apprenons qu'il a abandonné ainsi que Seb qui ne voulait pas laisser Etienne tout seul !.

Au pied du Cabaliros, des supporters sont là pour encourager les trailleurs qui vont attaquer ce pic, c’est vraiment sympa.

Après nous être arrêté pour enlever le coupe vent blanc car il faisait trop chaud, nous voilà parti pour de bon, mais nous ne voyons pas à 20m devant nous.

Souvent nous cherchons les balises, mais pourtant nous doublons encore et encore des concurrents qui avancent parfois comme des zombies. Nous voyons de plus en plus de personne faire demi tour pour retourner à la base de vie ou encore d’autres dormir sur le chemin. Pourvu que cela ne nous arrive pas….mais plus on marche et plus on a les jambes….La tête est bonne et je dis à Yohan que cela sent bon !!!! Nous discutons avec un corse sur le parcours vraiment sympa qui est venu lui aussi pour découvrir l’ultra avec une vingtaine de pote inscrit sur la course. Forcément, nous ne nous faisons pas de souci sur son terrain d’entraînement malgré ce qu’il nous dit.

Nous continuons notre progression, j’ouvre souvent la route mais Yo me prête main forte pour trouver les balises car souvent il est difficile de les enchaîner sans se perdre avec ce brouillard. Je trouve que cela rajoute un peu de tension là où il ne devrait pas avoir besoin d’en avoir, mais bon ,baliser un parcours en montagne de 160 km, cela n’est pas facile il faut bien le reconnaître.

Bien plus tard, après quelques raidars et replats voilà la pluie qui fait son apparition. Nous nous arrêtons. J'enfile le coupe vent blanc et une seconde couche et nous voilà reparti. A peine un km après nous voilà à Puy Droumide au km 85. Un ravitaillement sous une toile de tente perdu au milieu de nul part…..Il y a un grand feu dehors mais nous ne le voyons que quand nous avons le nez dessus à cause de ce satané brouillard. Il est 2h20 du matin et la course est commencée depuis 21h et 15', nous pointons 449/559.

Il fait bon sous la tente, l’ambiance est top avec un groupe de jeune qui chante et qui danse tous en faisant leurs rôles de bénévoles à merveille. Cela nous rebouste avec Yo et quelques temps plus tard nous voilà reparti après un bon gros café pour atteindre le somment du Cabaliros qui culmine à 2335 m d’altitude au 90 ème km

Les 5 derniers km sont rudes, inclinés, azimut sanglier. Les jambes sont bonnes, nous doublons encore, nous grimpons avec envie et détermination. Nous poussons fort sur les batons !

Arrivée au sommet, je ressent le besoin de soulager un besoin naturel, je m’éloigne donc pendant que Yohan discute avec un bénévol qui est présent pour ne pas que nous nous approchions trop prés du vide.  Ils ont raison au GRP de surveiller ce col car beaucoup arrive fatigué et cela pourrait être dangereux. Il y a une mer de nuage magnifique au sommet. Il est 4h00 du matin.

Je profite de cette pause pour demander de la NOK à Yohan car je ressent une sensation bizarre aux niveaux des pieds, ça chauffe !!!!. Je m’enduis donc copieusement les pieds de cette crème anti frottement mais je sais déjà que le mal est là….

Je demande à Yohan « d’ouvrir » la descente. 10 km au programme et 1400m de D-. Je le suis mais déjà les parties techniques commencent à devenir difficile car je ne peux plus poser mes pieds correctement et donc forcément mes appuis sont moins stables. Cette descente vers Cauteret est une vraie galère au départ. Elle est étroite, sinueuse, humide, rocheuse et il y a pas mal de végétation qui cache quelques pièges. Yohan trébuche d’ailleurs quelques fois sur des pierres cachées parmi la végétation. Un peu plus loin, après avoir chercher une nouvelle fois notre chemin, Yo met le pied dans un trou et me fait un beau roulé boulé, heureusement sans gravité, mais il aurait pu se faire mal !!!!!

Un peu après, à l’approche d’une rivière, le chemin s’élargit petit à petit et le jour se lève enfin…..Nous sommes content de pouvoir enlever nos frontales.

Bientôt, nous allons atteindre un nouveau ravitaillement à Cauteret au 100ème km et maintenant que la nuit est passée, tout va aller mieux, du moins d’un point de vue directionnelle car bien entendu la fatigue s’accumule, les forces s’affaiblissent. Je marche, parfois je cours en baillant de plus en plus.

Nous rattrapons un bout de route et Yohan d’un seul coup crie de douleur. Il a une cheville qui vient de se bloquer et il craint que l’aventure ne s’arrête bientôt pour lui, impensable….Il ne peut plus poser la cheville par terre convenablement sans boiter, mais avec l’aide de ses bâtons et de son passé de footeux à prendre des coups, il trouve une solution antalgique pour rejoindre le ravito.

Nous voilà enfin à Cauteret Km 100 après une visite de la ville et des indications qui laissent à désirer ou serait ce notre manque de vigilance ?

Il est 7h08, la course est commencée depuis 26h et 3', nous pointons 430/546. 6365 D+ ? 6231 D- Il y a une pile de dossard agglutiné sur la table près du chronométreur, signe de nombreux abandons.

Pendant que Yohan fait voir sa cheville au corps médical, je trouve un coin de banquette pour m’assoupir 10’ environ, jusqu’à l’arrivée de Marie dans la salle. Nous discutons un peu.

 Après que Yo se soit fait ausculter et se soit ravitaillé, nous voilà parti pour le col de Riou (1000 m d+), avant dernier col de cette longue aventure. Je suis fatigué mais confiant, il n’est pas difficile techniquement.

Dés la sortie de Cauteret, nous nous perdons une nouvelle fois, mais nous nous rendons vite compte de notre erreur et faisons demi tour rapidement. Peu de temps après nous voilà sur le chemin du col puis sur son sentier plus étroit. Les forces manquent à tout le monde maintenant et le rythme de montée devient de moins en moins rapide. Cependant, nous sommes réguliers.

Quelques heures plus tard, nous voilà en haut du col de Riou où je demande à Yo de faire une pause. Nous discutons et regardons au loin la descente qui nous attend. Cela n’a pas l’air trop dur. Nous nous mettons donc à courir mais je dois trouver la force mentale pour pouvoir poser les pieds par terre. Non pas que j’ai mal aux jambes bien quelles soient lourdes mais au fait que j’ai mal aux pieds !!!!!

Je serre les dents et peu de temps après nous voilà à la station de Ski de Luz Ardiden. Km 111. Il est 10h54, la course est commencée depuis 29h et 48', nous pointons 390/464. Nous prenons un ravito sur le pouce et c’est reparti.

Nous franchissons un fil tendu entre des piquets et nous voilà sur un flanc de montagne à pic en dévers et vraiment glissant avec la brume. Yo passe devant en me donnant des conseils mais je ne tiens plus mes pieds, je glisse, je tombe, j’ai mal. Je prends même peur car la pente est quand même raide et je ne contrôle plus mes appuis. Quel merdier ce passage là !


Peu après, le chemin s’élargit et nous rejoignons un bout de route et c’est le moment où j’en profite pour hurler de douleur. Il vient de se passer quelque chose dans ma chaussure. J’ai mal, je suis appuyé sur mes bâtons et je me déplace difficilement jusqu'à une voiture stationner là.

Je ne peux plus avancer, il faut que j’enlève mes chaussures mais je sais très bien que si je fais cela je ne pourrais jamais les remettre, j’ai trop mal !!!! Mais d’un autre coté, en les gardant cela ne sert à rien non plus, donc je décide la mort dans l’âme de les enlever.

Je remarque vite avoir les pieds dans un triste état et je sais que la course est finie pour moi. J’ en discute avec Yo qui prend un sale coup au moral lui aussi mais qui sait qu’il va devoir finir seul maintenant.

Je décroche ma ceinture porte dossard, c’est la première fois que cela m’arrive en compétition mais je garde la tête haute et froide. Il est trop tôt pour se lamenter et en tirer des conclusions hatives, il faut que je me fasse soigner les pieds. Une femme d’un coureur me propose de me descendre en voiture, j’accepte. Je me transforme donc en supporter pour Marie et Yo à partir de ce moment là, plus où moins 115 km, 7380 m D+, 7200 D- et 31h00 de course environ.

Cette aventure inoubliable et tellement riche en émotion est encrée au plus profond de moi et l’arrivé de Marie et de Yohan resterons à jamais graver dans ma mémoire ainsi que tous les moments partagés avec eux.

Je sais maintenant, avec du recul, que j’ai des choses à améliorer, je vais le faire et je reviendrais « affronter » ce GRP pour en revenir un jour avec le titre de Finisher.


Keep on training !!!!!! Et vive le sport, c’est tellement beau !!!!!


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