Le triathlon des Pyrénées, l'altriman Juillet 2015
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DEPART NATATION 5H30 DU MATIN Mon YouTube |
« LES FOLIES SONT LES SEULES CHOSES QUE L’ON NE REGRETTE JAMAIS »
« Bonjour, je viens retirer mon dossard » dis je
avec une voie sereine.
« Bonjour, à quel nom et pour quel distance » me répondit
la sympathique bénévole.
« Mr Gonzales, pour l’half s’il vous plait, ça
suffira » dis je avec un petit sourire.
« Le voilà, signé là, il faudra revenir pour
l’Altriman » me proposa la dame blonde.
« D’accord, bonne journée et bon courage »
« C’est plutôt à vous qu’il faut souhaitait ça »
me souriait elle.
3 ans plus tard, après une bonne préparation physique et
mentale et une expérience triathlètique riche de 4 distances ironman (dont le
fameux Embrunman), je me sens prêt à relever le défi et à enfin honorer ma
promesse faite à cette bénévole.
Il est 3h45 du matin ce Samedi 11 Juillet 2015. Le ciel est
étoilé, la température extérieure est de 10° à 1600 m.
« C’est l’heure mon pépère » me dit Steph en me
mettant une petite tape de la main sur la cuisse.
« C’est parti » lui dis je avec une voie encore à
moitié endormie.
Après un petit déjeuner vite avaler, un habillage rapide et
la prise des différents sacs de transitions et autres, nous voilà dans l’ascenseur
de l’hôtel.
Steph immortalise le moment par quelques photos et nous
voilà déjà dans la voiture pour descendre au parc à vélo quelques km plus bas.
Il est 4h30 du matin, nous voilà stationné juste devant le
parc à vélo, il fait nuit, pas de musique, seul le parc est éclairé.
Nous sommes dans les premiers arrivés, il y a très peu
d’activité dans le parc, même pas un arbitre à l’entrée. Je rigole avec Steph
de cette situation qui m’accompagne à mon emplacement dans le parc. Il m’aide
pour mes derniers préparatifs avant d’aller prendre le micro.
Me voilà seul dans ce parc, qui se remplit petit à petit, au
fur et à mesure que l’heure de départ approche. Il est 5h00 du matin. Mes
affaires sont prêtes, mon emplacement (chaise et caisse en plastique) rangé et
installé pour cette belle journée.
Après un petit passage par les toilettes, je décide
d’enfiler ma combinaison comme bon nombre de concurrent, il commence à faire un
peu froid. Je me blinde de vaseline au niveau du cou pour éviter les
échauffements et décide de quitter les baskets pour me rendre au niveau du
départ un peu plus loin. Je marche dans l’herbe mouillée du parc à vélo et j’ai
froid au pied. Quel couillon, j’ai oublié mes vielles chaussettes que je
comptais utilisé pour me rendre au départ. C’est vraiment désagréable, je râle
contre moi même.
Me voilà maintenant au niveau du départ natation et je
demande l’heure à Steph qui est juste à coté de moi entrain d’animer le départ
de la course.
« il est 5h15, ne te met pas à l’eau tout de suite , tu
risques d’avoir froid » me dit il.
Il décide de m’interviewer rapidement. Je lui répond que je suis
heureux d’être là et que je n’ai pas l’impression de partir faire un triathlon
mais plutôt un enchaînement de trois disciplines, d’abord une natation, ensuite
une grosse sortie à vélo et pour finir une course à pied avec les forces qu’il me restera à ce moment là.
Après ces premières impressions récoltées, je décide de me
mettre à l’eau, elle est bonne (18°) et je suis content de ne pas avoir pris 2
bonnets. Je m’échauffe un peu et ressort de l’eau. Benoit et Nico sont là, je
les serre tous les deux dans mes bras, la pression monte.
Départ dans 5’….. Je bascule en mode « j’ai envie
de faire une bonne natation »et je décide de me mettre en première ligne
dans l’eau avec quelques concurrents à ma gauche et à ma droite. Les autres
derrières. Nous sommes 236 à partir sur les 250 inscrits.
3’,2’,1’,PAN !!!! C’est parti pour 3,8 km de natation.
Je pars comme sur un sprint, je veux sortir dans les
premiers de l’eau avec un objectif de me rapprocher de l’heure sur cette
natation. Ca bataille un peu malgré tout et il est difficile de s’orienter dans
ce grand lac noir ayant pour seul point de mire un gyrophare parfois visible,
parfois non sur l’autre berge du lac 1 km plus loin.
Après un bon moment à nager, me voilà presque seul au milieu
du lac, il fait nuit et il est difficile de savoir au se situe les autres
concurrents. J’essaie de poser ma nage et bientôt je devine la première bouée (environ
800 m) qu’il faut laisser main droite. Je m’aperçois que je me suis écarté sur
la gauche et je suis obligé de tirer une petite diagonale jusqu’à la bouée.
Petit virage à l’équerre à droite et je m’oriente vers la suivante droit devant
et tourne enfin pour retourner en direction de la base nautique. Lieu du départ.
Le jour se lève maintenant. Je prends plaisir à nager et
j’essaie de nager le plus proprement possible vu que je n’ai personne à rattraper
devant. Je profite du paysage pendant mes respirations, cela me rappelle Embrun
ou l’Alpes d’huez. Je me rapproche de plus en plus de la base nautique mais
lors de mes respirations à gauche, je m’aperçois que le brouillard est entrain
de se lever sur le lac sur ma droite et se rapproche de plus en plus de là où
je nage.
Me voilà maintenant presque sortie de l’eau, c’est la fin de
la première boucle. Je sors de l’eau, courre pour l’australienne sous les
encouragements du public, il y a du monde !!!! Je cherche Ben, Nico et
Steph du regard mais je ne les trouve pas. J’enchaîne sur le ponton mais deux
mecs devants marchent et prennent toute la largueur du pont en bois. J’essaie
de passer sur le coté mais je glisse et retombe à l’eau en calculant mon coup
pour ne pas me mettre la tête sur un pédalo. Quel couillon, d’un autre coté,
ils aurait pu se pousser un peu……
Enfin bref, je m’extirpe à nouveau de l’eau, remonte sur le
ponton, redouble les blaireaux, et replonge pour la deuxième boucle, mais là
surprise, le brouillard est bien là devant, à gauche, à droite, partout. Je me
dis que cela va devenir très compliqué de s’orienter vu que l’on ne voit rien à
5 mètres. Tans pis, j’y vais, je verrais bien.
Au bout de quelques mètres, j’aperçois un groupe de nageur
immobile dans l’eau et un kayak me
bloque le passage. Je m’arrête à mon tour et leur demande ce qui se passe.
« La natation est neutralisée, il faut rejoindre la
berge » me dit l’un d’entre eux.
Je grommelle un peu, mais je me rends vite compte qu’il
aurait été trop dangereux de nous faire partir sur une seconde boucle. Mais
pourquoi ne pas nous avoir fait faire qu’une boucle ???? Surtout que
j’avais fait ce qu’il fallait pour être « devant » (environ à la 20
ème place).
Je rejoins donc la berge. Les triathlètes arrivent un à un
et tout le monde attend en se ravitaillant la solution qui va être prise par
l’organisation. Finalement au bout de 15’ environ, on nous demande de retourner
dans le parc à vélo pour pouvoir nous compter car ils ne savent pas qui nagent,
qui est sorti, qui est perdu …..
Je décide de ne pas enlever ma combinaison car pour ceux qui
l’ont fait, je m’aperçois qu’ils ont froid. J’attends donc patiemment à mon
emplacement en discutant avec les concurrents. L’ambiance est tout de même
bonne.
Après un premier comptage, il manque un certain nombre de conçurent
mais il y en a qui ont était repêché de l’autre coté du lac en camion et qui
arrive. Les voilà, ils arrivent sous les applaudissement, et je suis sûr que
ceux là ne vont pas être vexé que la natation soit annulé si c’est le cas.
Après un dernier recomptage, tout le monde est là. C’est déjà
une bonne nouvelle. Reste plus qu’à savoir comment l’épreuve va se dérouler
maintenant.
En fait, l’organisateur prend le micro et nous propose deux
solutions pour remplacer la partie natation :
Soit faire une boucle de 750 m de natation proche du bord,
soit faire une petite course à pied histoire d’étirer un peu le peloton de 236
triathlètes. C’est parti pour un vote à main levée. Le résultat est sans appel,
nous ne nagerons plus aujourd’hui et le départ de la petite boucle à pied sera
donné dans 10 min.
J’enlève donc ma combinaison et me prépare directement pour
la partie vélo que je vais enfin découvrir une fois la boucle à pied effectuée.
Nouveau départ à pied donc que je décide de faire en dedans
car ce soir j’espère que j’aurais tout le temps de m’exprimer sur le
marathon…lol J’arrive dans le parc en milieu de peloton à une 112 ème place
anecdotique et je fais ma transition.
Cette fois ci, c’est parti pour la partie vélo.
Profil vélo de l'Altriman |
Je sors du parc et je fais bien attention à l’endroit où je
pose mes roues, sur 300 m, c’est blindé de nids de poule et de cailloux,
l’idéal pour crever. Il y a déjà des bidons et des gels partout sur la route semée
par les concurrents qui me précèdent.
Une fois cette première difficulté passée, me voilà en route
vers la première ascension du jour après un petit faux plat descendant de quelques
kilomètres sur une route bien enrobée.
Je fais attention à ne surtout pas partir en surrégime car la journée ne
fait que commencer !!! J’entends
déjà bon nombre de concurrent me doublant avec une respiration digne d’un moulin
à vent. Je suis impressionné par une telle prise de risque, ou peut être est ce
simplement de la folie ?
Je roule donc tranquillement en profitant des paysages
merveilleux qui s’offre à moi tout en pensant à m’alimenter de morceaux de
barres énergétiques et de boisons isotoniques. Quelques kilomètres après, me
voilà donc au sommet du col de Quillane (Km 8). Après une légère redescente,
j’attaque maintenant le col de Llose qui représente la première difficulté de la
journée. Ce col est roulant, les pourcentages ne sont pas très fort, environ 6%
et la route est en très bon état. Les paysages sont merveilleux. Après quelques
minutes d’effort, j’entends des cris au sommet. Des poms poms girls sont là
pour encourager les athlètes. C’est vraiment sympa. Je décide de ne pas
m’arrêter à ce ravito car, pour l’instant, tout va bien. (Km 13).
J’attaque la descente qui se révèle être étroite, sinueuse
et à l’ombre. Prudence !!! J’ai la chance d’avoir un bon descendeur juste
devant moi et je décide de suivre ses trajectoires. Nous doublons du coup
nombre de concurrents qui sont debout sur les freins. J’essaie de rester le
plus concentré possible pour éviter les graviers, les voitures et les traversés
de pont qui habillent cette descente.
Au km 27, je suis enfin débarrassé de cette descente et je
me dis que si toutes les descentes sont du même acabit, elles ne seront pas reposantes.
En quelques kilomètres, je viens de prendre la pleine mesure de cette épreuve,
pour moi, rouleur du plat pays.
J’attaque maintenant le col de Creu, c’est simplement
magnifique. Cette route étroite offre un paysage à couper le souffle avec ces
gorges sur ma gauche. Les kilomètres restent derrière moi petit à petit et le
soleil commence à poindre son nez. Je décide d’enlever mon coupe vent manche
longue. Je prends le temps d’admirer les sentiers, cette nature si belle. En
approchant du sommet, j’ai l’impression de reconnaître le paysage de la
hourquette, je prends mon pied….C’est la première fois que je découvre en vélo
un endroit aussi beau, perdu au milieu de nul part. Au sommet, (km 41), je
décide de faire ma première petite pause naturelle. C’est plutôt bon signe car
cela veut dire que je m’alimente et bois suffisamment. Après cette petite pause
et quelques encouragements du public, me voilà reparti pour une descente
sinueuse à nouveau mais avec un pourcentage plus faible.
Quinze minutes plus tard, j’arrive à un nouveau
ravitaillement où je m’arrête comme convenu dans ma feuille de route pour
refaire le plein de mes bidons et grignoter un petit quelques choses. Les
bénévoles sont vraiment super sympa.
Après cette pause rapide me revoilà en selle sur une route
qui ressemble à un long faux plat descendant et j’en profite pour mettre la
grosse plaque et rouler sur le prolongateur. Je repasse tout prêt du parc à
vélo maintenant mais il me reste pas loin de 150 km à parcourir sur cette
partie vélo. Nous contournons un petit village par une route secondaire et en
faisant le tour d’une sorte d’usine, je manque de mettre au tas à cause de
gravillon dans un virage. J’ai un bon réflexe, heureusement.
J’attaque maintenant la fin de la boucle qu’il faudra que je
refasse en sens inverse tout à l’heure à partir du 170 éme km. Cela m’insite
encore à en garder sous le pied, ça va être chaud !!!!
Après une descente de 5 km un peu plus pentu où je me caille
un peu, me voilà dans l’ascension de la plus longue difficulté du jour. 15 km
environ à 8% Je mets tout à gauche, 34x30 et je tourne tranquillement les
jambes sur cette route qui ne rend rien. Quelques km plus loin, km 70, j’arrive
au premier ravito perso. (je suis 112 ème
sur 236 personnes à avoir pris le départ). Déjà 3h10 de course. Je descends de mon vélo, récupère ma poche et
refais le plein de gel énergétique, de boisson et d’un snikers (miam, miam). Après cette pause, me voilà fin prêt et dispo
pour affronter ce col à la réputation si difficile. Le Paihlères.
Effectivement, les premiers km sont vraiment pentus et même
si mon braquet est conséquent, je suis parfois obligé de monter plus haut que
prévu en fréquence cardiaque. Je sais qu’à ce rythme là, cette montée va me
laisser des traces. Tant pis, on verra bien. Je rentre dans la course coup de
pédale après coup de pédale, l’Altriman impose sa vision de l’effort. La route
se retraissit maintenant et le soleil fait son apparition. Je transpire
énormément et j’essaie de compenser tout cela en buvant régulièrement. Après
une bonne heure d’effort, je devine enfin le somment et son ravito. Les
quelques derniers km sont longs et mes bidons sont presque vides. Au sommet (km
78), les spectateurs nous encouragent et je décide de pauser à nouveau pied à
terre pour soulager un besoin naturel à l’abris du public. Je refais le plein
des bidons et j’attaque la descente en essayant d’être relâché mais ça commence
à se compliquer pour moi, la fatigue prend place petit à petit.
Quinze kilomètres plus loin , une bénévole m’oriente vers le
col de la Chioula. Je vois un mec couché sur le bas coté pourri de crampe
entrain de faire le point avec une moto suiveuse. A mon avis l’aventure va
s’arrêter là pour lui…Je grimpe doucement, je ne peux faire autrement sur cette
route qui ne mène nul part, perdu au milieu de nul part. Je ne me sens pas très
bien physiquement, le mental est bon mais les jambes ne sont pas là. Je décide
de faire l’effort jusqu’au sommet avant de m’octroyer une nouvelle pause.
J’attends, je ne m’affole pas mais je n’ai plus de jus. Je suis parfois collé à
7 km/h sur des pourcentages à 6%. Je me fais doubler sur ce col par au moins
une dizaines de concurrents. Je paie plein tarif l’effort consenti pendant le
col de Pailhère.
Au sommet, je me pose sur une barrière en bois, bois un peu,
mange un peu de mon snickers et repart après 5’ de pause en ayant fais le point
sur la fin du parcours vélo. La route est encore tellement longue. Je ne suis
qu’au 100 ème km. Mais maintenant sans
suis une longue descente peu pentu de 8 km jusqu’à un petit col de quatre
kilomètres pas très pentu mais un peu exposé au vent et….j’ai de nouveaux des
jambes !!! yesssss. Au sommet, j’enquille la descente et double quelques concurrents
qui serrent fort les freins, mais pour moi tout va bien.
. J’en profite pour
m’alimenter un maximum et me rapprocher du prochain ravito au 112 ème km. Les
bénévoles dans ce petit village sont super sympas et me propose même un peu de
vin de pays. Je refuse, je suis joueur, mais quand même. Par contre, la pizza à
coté, là, je ne dis pas non !!!
Les batteries à nouveau rechargées, me voilà reparti pour une
nouvelle descente plus technique jusqu’à un terrible coup de cul de 3 km au km
125. Ca grimpe fort, très fort et je décide d’alterner danseuse et position
assise pour vaincre cette nouvelle difficulté. Les jambes se durcissent lorsque
je mets un peu plus de watt mais je garde toujours un bon moral. Au sommet, je
roule tranquillement sur prolongateur pendant 4 ou 5 kilomètres car je sais que
cela va me mener jusqu’à une descente
qui me conduira à la partie réputée la plus difficile du vélo.
Au km 145, j’y suis. 2 émé ravito perso. Je m’arrête,
récupère ma poche, me pose sur une chaise et mange mon petit sandwich. Je
refais le plein des bidons sous le conseil d’un bénévol qui me dit que le vélo
ne commence que maintenant. Oh putiiiiiii !!!!! Pourtant ça fait déjà 7h15
que je fais du vélo !!!!
Je repars tout de même, confiant, je suis venu pour ça.
Après une légère descente dans la vallée le long d’un court d’eau, je grimpe à
nouveau en prenant mon mal en patience. 16 km, cela va être long Je suis de plus
en plus souvent entre 9 et 10 km/h mais je progresse. Ce n’est pas le cas de
tout le monde. Certains s’arrêtent de plus en plus entre les ravitos. Je
commence à me dire que je vais finir ce vélo, je le sens. Je bascule dans un
état d’esprit de guerrier, me battant coup de pédale après coup de pédale. Ça y
est, j’y suis, je vais flirter avec mes capacités et mon mental. Au km 150, je
me pose au ravito, fais le point avec un bénévole. Il me dit que cela se
radoucit jusqu’au sommet. Je repars en alternant des braquets parfois un peu
plus facile, parfois un peu plus dur. Je bascule au sommet (km 160) .
Il ne me reste plus que Carcanières et le col des Harres.
Enfin, je vais voir si je suis capable d’affronter cette fameuse bosse. A la
fin de la descente, j’entends des personnes me crier sur un parapet bien au
dessus de moi de mettre tout à gauche, que cela grimpe très fort. Je tourne à
gauche et une rampe impressionnante se présente à moi, environ 3 km entre 12 et
14% et à ce moment là de la course, c’est vraiment très dur (Km 175). J’alterne
danseuse et pédalage en force sous les applaudissements de quelques badeaux…Un
peu plus loin, je découvre la phrase tagué sur la route « Les folies sont
les seules choses qu’on ne regrette jamais ». C’est trop tôt pour le dire
mais maintenant sauf grosse défaillance je sais que je vais finir ce vélo dantesque.
Sur le dernier kilomètre de cette rampe, je décide de faire des virages sur la
route pour amoindrir la pente. J’arrive enfin dans Carcannières et je rigole
avec un bénévole en lui demandant si il n’avait rien trouver de plus dur ?
Il me répond en rigolant que le plus dur est fait et que le ravito est juste
après le virage. Je vous laisse imaginer ma vitesse, vu que lui est assis à un
carrefour.
Je m’arrête à nouveau, refais le plein des bidons et repart
en 113 ème position en 8h27plus combatif que jamais. Plus qu’un petit col sans
grosse difficulté et c’est la fin du vélo. Mais vais je pouvoir courir ????
Cette pensée hante mon esprit.
Je mets un peu plus de gaz sur la fin du vélo, je me sens
bien, mais je reste sur la retenue. Je reconnais maintenant chaque kilomètre
que j’ai descendu le matin et je sais que le parc à vélo n’est plus loin. Environ
10 km de faux plat avec le thermique qui me pousse. Un motard m’ouvre la route,
j’en profite pour m’alimenter avant la pause du vélo et boire de la boisson
énergétique.
Enfin, je reconnais la route qui mène au parc à vélo,
toujours aussi défoncé que le matin mais bizarrement, je m’en fiche !!! Je
l’ai fait. C’est un mélange de fierté, de satisfaction et d’inquiétude au vu du
marathon qui se profile.
Je pose enfin pied à terre après 198 km de vélo à mon gps,
9h25 de roulage et 4800 m de déniveler positif. Mon temps officiel est de 9h56,
j’ai donc pris 30’ de pause cumulée !!!!!! Je suis actuellement à la 102
ème place.
Je pousse enfin mon vélo dans le parc pour retrouver mon
emplacement et préparer ma transition. Seul problème, je ne la trouve
pas….. ???? Je demande à deux triathlètes dans le parc si ils ont changé les
places dans le parc mais non, je me suis simplement trompé de deux rangés.
Oups !!!!
Une fois le tir rectifié, je retrouve enfin mon emplacement,
pose mon vélo et m’assois sur ma chaise pour enfiler mes chaussures de cap, préparer
mes gels et enfiler mon singlet pour attaquer la course à pied.
Après quelques minutes prises volontairement, je traverse le
parc à vélo en marchant. Les jambes ont l’air bonne, j’ai le sourire. Ce n’est
pas gagné, mais c’est bien parti. Je fais enfin mes premières foulées le long du
lac et je vois les enfants et femmes de Nico et Ben qui me font une haie
d’honneur en me tendant leurs mains. Quel plaisir, quel bonheur de quitter le
monde du silence vélo. Je me sens bien, après 3 kilomètres, je commence déjà à
me freiner et je ne ressent même pas l’envie de m’arrêter aux 2 premiers
ravitos.
J’attaque la montée en enrobé qui me mène en haut du lac
pour le premier demi tour. J’arrive toujours à courir malgré la dénivellation
et j’attaque la descente en commencant à dérouler dans la descente. Je longe à
nouveau le lac, le temps est idéal. Après un passage en single dans les bois,
je repasse devant le parc à vélo où je prends le temps de me ravitailler entre
eau et coca. Après 8,5 km de cap (1h00 avec T2), je suis 92 ème.
Tout va bien mais je sais que maintenant la partie va se
corser car il va falloir monter au dessus de la station des Angles. Je pense
qu’il y a environ 500 m de D+ à venir sur 7 ou 8 km. J’attaque la montée
progressivement avec la volonté de marcher le moins possible. A mon grand étonnement,
j’y arrive sauf dans la dernière montée beaucoup plus dure (environ 10%) où je
préfère marcher pendant environ 1,5 km.
Je recroise à nouveau mes supporter du jour en leur disant
que tout va bien. J’arrive enfin au point le plus au du parcours au 16 ème
kilo. Je me ravitaille et j’attaque la descente vers le lac de Balcère, les
jambes et l’énergie sont toujours là. J’ai un mental de winner.
Les kilomètres défilent les uns après les autres et je fais
demi tour au lac relativement rapidement. Petit ravito et c’est reparti. Déjà
19 km. Maintenant il faut remonter au dessus de la station des Angles par la
même route mais la pente est moins rude et j’arrive toujours à courir.
Au sommet, la longue descente m’attend et je me fais
plaisir, peut être un peu tôt, c’est précoce mais je suis tellement bien.
Pourtant, maintenant avec l’expérience, je sais que généralement cela ne dure
jamais longtemps et qu’ensuite, le coup de bambou n’est jamais loin. Je
recroise Ben , Nico, leurs femmes, les enfants qui m’encouragent de nouveau, je
suis si ému…..
Mon garmin affiche 24 km à leur niveau. Je continue ma
descente dans la station et bientôt sur le chemin de terre. En bas de cette
belle descente, la relance est plus dure. Je me demande si il faut que je
m’arrête au parc à vélo pour récupérer ma frontale. Je décide de la prendre sur
le retour. Km 29 (3h20 total de cap et 87 ème position). 13h15 de course total.
J’attaque maintenant le tour du lac à plat mais je me surprends
à butter contre les racines du single, les jambes deviennent lourdes, je rentre
petit à petit dans le dur, mais c’est bien normal. Je n’espérer pas vivre ce
marathon aussi bien, alors maintenant, je relativise et serre les dents.
J’arrive au bout du barrage, attaque la remontée dans le lotissement en
marchant cette fois çi, je n’ai plus la force de courir en montée. Après le
ravito et un remerciement au bénévol, j’attaque la descente qui me ramène au
barrage. Les cuisses se durcissent, les foulées se raptissicent . je m’accroche
en pensant à mon titre de finischer qui je pense ne peux plus m’échapper.
Je me concentre sur mon effort, pas après pas et arrive au
niveau du parc à vélo. Je vais chercher ma frontale en marchant, j’ai trop peur
de me tordre la cheville dans ce parc à vélo maintenant plongé dans la
pénombre. Certains triathlètes ramassent déjà leurs affaires, ils ont
bachés..Gloups !!!! Je suis au 37 ème km (4h28 de cap total). 85 ème,
14h23 de course .
Je suis étonné de voir que je suis le seul à aller chercher
ma frontale mais je me rend vite compte que mes poursuivants se font
approvisionner par leur accompagnant. Mais en fait, même si ce n’est pas réglo,
je m’en fou.
J’attaque la dernière montée vers la station, j sais que je
vais le faire, je profite de ces derniers kilomètres, en alternant marche et
cap.
Je rentre dans la station en regardant derrière moi pour
voir si une frontale n’est pas trop prêt pour profiter de ma finish line. Je
laisse passer un concurrent.
Je suis à 100 m de la salle bleue, je vois Nico, Ben, les
enfants, leurs femmes, JE PLEURS !!!!
Je pénètre dans la salle, Stephane m’attends, c’est énorme.
Je lève les bras sous l’arche, il m’offre un moment magique avec sa voix qui me
transperce !!!! ALTRIMAN FINISCHER 2015. !!!! Ces mots résonnent
encore dans mon esprit.
Je reçois ma médaille, ma polaire de finischer, je l’ai
fait !!!!!!
Je suis si fier de moi, heureux pour mes proches, pour ceux
qui ont cru en moi et pour les copains du club qui m’ont aider à me dépasser
pendant mes entraînements.
Je termine 83 ème sur 183 finischers en 15h05 avec un
marathon (700 D+) couru en 5h08.
Un souvenir triathlètique immense et un moment de partage
énorme avec Steph, Nico, Ben , les enfants et leurs femmes. Merci à vous.
PS : pour les
curieux, sur la vidéo officielle de l’Altriman 2015, j’ai l’honneur d’apparaître
à plusieurs reprises dont une sous l’arche d’arrivée….un souvenir
émouvant !!! Le lien ci dessous.
https://www.youtube.com/watch?v=rc6nyAfji0E
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Arche Finisher, salle bleue neige Yannick Gonzales (Vlad) |
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